Business 2022 : Nicolas Rousseau « La baisse actuelle ne reflète en aucun cas le marché »
A fin juin, les chiffres ne trompaient pas. Le marché des véhicules de loisirs connaissait une très forte baisse de ses immatriculations : -13,4%. Dans notre dossier, en trois parties, nous vous livrons une analyse la plus objective possible du marché actuel. Seconde partie de notre dossier, notre entretien avec Nicolas Rousseau, directeur général du groupe Rapido.
Lire la première partie du dossier Business saison 2021/22, le bilan
Lire notre troisième partie du dossier Business saison 2021/22, notre entretien avec Antoine Guéret
Notre carnet de commandes est plein
Esprit Camping-Car : A fin juin, le marché du camping-car en France affiche une baisse de 13,4% des immatriculations neuves. Pouvez-vous nous donner des éléments clés pour expliquer cette baisse ?
Nicolas Rousseau : Cette baisse vient essentiellement du fait de l’incapacité des constructeurs automobiles à nous fournir des châssis pour répondre à la demande. Cela ne reflète en aucun cas le marché puisque nous avons toujours une demande forte de nouveaux clients, actifs, plus jeunes, sur tout le marché Européen. Notre carnet de commande est plein et nous avons encore beaucoup de véhicules client 2022 à faire avant de fabriquer les véhicules 2023 à cause des retards des châssis.
Esprit Camping-Car : Le segment des vans et des fourgons aménagés résiste encore mais baisse également (-4,06% sur la saison). Est-ce, selon vous, temporaire ?
Nicolas Rousseau : Tant que la situation des châssis reste compliquée, nous ne verrons pas d’amélioration sur les chiffres du marché. Ces statistiques de marché ne représentent pas l’état de la demande qui reste forte notamment sur les vans et fourgons mais bien un manque de châssis.
Les véhicules de loisirs restent un symbole fort du slow tourisme, de la liberté, de l’évasion
Esprit Camping-Car : Quelles sont, selon vous, les perspectives d’avenir pour le marché du VDL ? Doit-on s’attendre à une longue période de crise ou peut-on espérer une vraie relance dans les mois à venir ?
Nicolas Rousseau : Après le Covid, nous avons constaté une arrivée massive de nouveaux clients sur notre marché. Après de multiples confinements le besoin de « l’OUTDOOR », de liberté, de nature n’a jamais été aussi grand. Les véhicules de loisirs restent un symbole fort du slow tourisme, de la liberté, de l’évasion. La Vanlife prend des proportions internationales. Elle fait découvrir aux Vanlifers les autres véhicules que sont les fourgons et les camping-cars. Cela permet ainsi de rajeunir encore un peu plus notre clientèle.
Je crois que ces tendances restent fortes. La diversité du mix marché d’aujourd’hui fera que le marché résistera mieux qu’avant aux potentiels ralentissements économiques. Enfin, le marché de l’occasion est un indicateur important. Ce dernier reste très dynamique. Ce qui indique que la demande des clients est toujours là.
L’investissement dans un véhicule de loisirs reste très intéressant
Esprit Camping-Car : Face aux augmentations des prix du carburant et des prix des camping-cars (et vans et fourgons aménagés), quels sont les arguments à mettre en avant pour convaincre les utilisateurs ou futurs utilisateurs de poursuivre leur rêve d’aventure au volant d’un camping-car ou d’un van aménagé ?
Nicolas Rousseau : Si les hausses des carburants ont pu temporairement faire douter nos clients, les mesures gouvernementales qui se mettent en place et les prix à la pompe qui commencent à descendre devraient améliorer la situation. Nos produits bénéficient toujours d’une très faible décote des prix en occasion. Ce qui fait que l’investissement dans un véhicule de loisirs reste un investissement intéressant notamment pour ceux qui souhaitent éventuellement louer leurs véhicules.
Nous avons aujourd’hui des capacités qui nous permettrons de répondre présent lorsque la situation des châssis s’améliorera.
Esprit Camping-Car : Pour un groupe comme Rapido qui a fait des investissements conséquents sur ses unités de production, comment s’adapter face à ces différentes problématiques ?
Nicolas Rousseau : Nous avons dû comme bon nombre de constructeurs faire face à des arrêts de production, nous avons arrêté des contrats intérim, fait des demandes de chômage partiels pour faire face aux ruptures d’approvisionnement des châssis. C’est très frustrant et très chronophage de réorganiser nos plannings de production et appels des matières en permanence suivant les arrivées des châssis mais nous faisons de notre mieux pour satisfaire nos clients. Nous avons aujourd’hui des capacités qui nous permettrons de répondre présent lorsque la situation des châssis s’améliorera.
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